Amis auditeurs, bonsoir !
Bienvenue à Djougou, où dans les ruelles, ce ne sont plus les marchés, ni les lieux de cultes qui attirent le plus l'attention. Ce sont ces petits attroupements à l'ombre des kiosques, où l'on ne vend ni téléphone, ni beignets, mais des instants d'évasion.
Ici , les jeunes ne rêvent plus de diplômes, non trop banal. Ils rêvent d'atteindre les étoiles par le biais de la fumée.
Dans les coins des rues, ça fume, ça plane, ça s'évapore. Les yeux brillent, pas de savoir, ni d'ambition, non , mais de dilatation de pupilles. Ils sont là, nos petits frères. Assis dans la poussière, les yeux rouges, le regard perdu. À l’aube, à midi, à la tombée de la nuit, toujours un sachet à la main, une pipe bricolée, une dose en cachette. Ils rient sans joie, ils dansent sans musique, ils vivent sans avenir.
Ils ont 17 ans, parfois moins. Ils connaissent mieux le nom des drogues que celui de leurs droits. Le tramadol, la codéine, le diazépam, la colle, le cannabis… Voilà leurs compagnons quotidiens. Et personne ne dit rien. Ou plutôt, tout le monde voit, mais détourne les yeux.
Le quartier connaît. Les parents devinent et pour d'autres le savent, mais sont impuissants.
Qui les a abandonnés à ce destin brisé ? L’école qui ne retient plus ? Les familles éclatées ? L’État absent ? Ou nous tous, complices par indifférence ? On préfère accuser que comprendre. On préfère réprimer que prévenir. Mais pendant qu’on parle, ils meurent à petit feu. Les effets se voient à l'œil nu : augmentation des cas de violences urbaines, vols , troubles mentaux. Des jeunes jadis pleins de vie deviennent des zombies ambulants, perdus entre réalité et hallucination.
Et ce ne sont pas que des "délinquants". Oui cher ami auditeur, ce sont nos enfants, nos frères, nos voisins. Ils avaient des rêves, eux aussi. Ils voulaient devenir chauffeurs, enseignants, footballeurs, artistes et j'en passe. Aujourd’hui, ils ne veulent que planer, oublier, dormir, disparaître.
Mais que fait-on ? Rien. Quelques arrestations spectaculaires, des descentes ponctuelles, un sermon dans les mosquées, une homélie dans les églises, une promesse en réunion. Puis le vide. Et la rue les reprend.
Il est temps de briser ce cycle. De parler, de crier, oui , d’agir. Il faut des centres d'écoute, du travail, de l’amour. Il faut reprendre ces jeunes par la main avant que la tombe ne les appelle. Il faut réveiller la société avant que l’avenir entier ne parte en fumée.
Parce qu’un jeune qui se drogue est un cri que personne n’a entendu.
C'était issifou ALIDOU,
Je suis de ceux qui cherchent les mots pour faire parler le silence.
Ceux qui désirent exprimer ce qu'ils ressentent avec naturel et authenticité.
A jeudi prochain sur solidarité FM.